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mardi 18 janvier 2011

Exercice d'écriture: Ghostwriters

Ceci est ma participation à un challenge littéraire lancé par mon génial ami Mr Fé.
Sujet, contraintes et date limités imposés ici .


Mon texte:

"Il faisait nuit quand Julien se gara devant son ancien lycée. Cela faisait 5 ans qu’il avait quitté sa campagne natale, et son lycée pour intégrer une école d’ingénieur dont il était à présent fraichement diplômé. Le Lycée était comme dans son souvenir : 3 bâtiments au milieu d’un parc un peu vide mais agréable. Le bâtiment était plongé dans l’obscurité. Un peu en retrait de la ville, son parking n’était éclairé que par deux réverbères et le lycée en lui-même n’était même pas éclairé.
Julien ferma les yeux et inspira profondément, comme pour chasser cette sensation de malaise qui lui nouait l’estomac depuis qu’il était sortit de sa voiture. Peut être même depuis qu’il avait décidé de venir ici. 
Après tout, c’est probablement ici que c’était joué ce qui avait changé sa vie à Jamais.
Quand il rouvrit les yeux, il n’était plus le même. Il était redevenu le Julien de 16 ans, adolescent de seconde général, pas vraiment populaire, pas vraiment solitaire. Il faisait jour, Il se retourna, entendant le bruit du bus scolaire arriver. Ici, la majorité des élèves prenaient le bus pour venir, n’habitant pas dans la petite ville mais dans les villages environnant, parfois à plus de vingt kilomètres. En descendit un flot de lycéens, bruyants, Une jeune fille se dirigea vers lui. C’était Lara, son amie d’enfance. Lara était grande, généralement vêtue d’un jean, et d’un sweater. Puis une voiture se gara non loin, laissant émerger une jolie Rousse. Elisabeth. Son Elisabeth. Elle se précipita vers lui et se jeta dans ses bras avant de l’embrasser. L’amour. Le premier. Le vrai. Celui qui ne serait jamais entaché par la jalousie ou la trahison.
Aujourd’hui est un jeudi, un jeudi comme les autres, comme il y en a eu des dizaines avant.
Tomylee le bouscule en passant.
Tomylee, c’était un peu la némésis de Julien. Pas un Cancre mais pas brillant non plus, il avait visiblement pris Julien en grippe dès leur premier jour de classe. Ce qui avait été réciproque. Julien aurait été incapable de dire pourquoi. Mais voilà, ils ne s’aimaient pas.
 Il pleuvait averse dehors. La journée était passée comme un simple battement de cils. Julien, Elisabeth et Lara avaient rejoint Peter dans le hall. Peter était en terminal, c’était un peu le grand frère de Julien. Au lycée, on ne vit pas d’aussi belles aventures que celles dont on rêve, mais il lui avait appris à ne jamais cessé de rêver, et à développer son imagination jusqu’à en faire un projet d’avenir.
Ils se connaissaient tous depuis longtemps. Ils n’auraient su dire depuis quand, mais à présent leur amitié était indéfectible. Et il n’y avait d’ailleurs probablement pas que de l’amitié, à en croire les regards que se jetaient parfois Lara et Peter.
Comme souvent après le jeudi, Peter s’était proposé de ramener les jeunes chez eux en voiture. Avoir une voiture, c’est classe. Ici, à la campagne, rentrer chez soit est parfois difficile.
Dans la voiture, il y avait Peter au volant, Lara à l’avant, en train de radoter sur cet imbécile de Tomylee. Quel emmerdeur celui là. Elisabeth et julien à l’arrière, participant à la conversation de façon épisodique.
La visibilité est mauvaise. Mais on est à la campagne. On ne fait pas vraiment attention.

Tout fut si soudain. Si imprévu. Qui aurait pu savoir ?

Au détour d’un virage un peu serré, une voiture. Une vieille clio grise. Celle de Tomylee.

Ce jour là, Tomylee avait appris que son père était condamné. Cherchant à fuir la nouvelle ; il avait pris la voiture, sans vraiment faire attention à où il allait.

Pas une seconde pour réagir.
Qui aurait pu savoir…

Julien ne se rappellait pas bien de ce qui s’est passé. Il y avait eu la lumière des phares. Il ne se rappelait même pas que Peter ait eu le temps de freiner. Les deux voitures s’étaient percutées dans un bruit de taule effrayant. Puis plus rien.

Quand Julien avait rouvert les yeux, quinze jours s’étaient écoulés. Péter était mort sur le coup.
Comme Lara.
Comme Elisabeth.
Le monde s’était écroulé autour de lui.

Un étage au dessus, en soins intensifs, il y avait Tomylee. Dans le coma.

Quel gachis. Julien avait toujours détesté Tomylee, qui le lui avait bien rendu. Et aujourd’hui, ils étaient les deux seuls survivants d’un accident qui n’était pas vraiment la faute que du destin.

Julien s’était mis à détester Tomylee, parce que trouver un responsable à la perte de ses amis lui faisait du bien.

Et puis le destin s’était acharné.

Un orage. Un simple orage avait clos ce chapitre de sa vie : La foudre était tombée sur l’hôpital, faisant sauter les plombs.

Un hôpital de campagne.

Le respirateur de Tomylee s’était arrêté.

Une simple coupure d’électricité avait pris à Julien le seul coupable qu’il ait pu trouver. Un responsable à son malheur qui paradoxalement lui avait donné l’envie de vivre.

Il était le seul survivant.

Il s’était rappelé les paroles de Peter : «  on ne vit jamais d’aussi grandes aventures que celles dont on rêve, alors il faut faire de la réalité quelque chose d’extra ordinaire pour ne pas mourir d’ennuie »
Julien avait décidé de vivre. Pour lui. Pour Peter et ses préceptes, Pour Lara et sa joie de vivre, même pour Tomylee, qui n’aurait jamais du mourir avant son père atteint du cancer. Et enfin Pour Elisabeth, sa chère et tendre Elisabeth.


Julien se tenait là, devant le lycée.
Il faisait jour.
Il vit alors arriver Peter. Grand, bruns, les cheveux courts en bataille, des lunettes. Peter. Son grand frère. Son mentor. Il lui avait appris à partager son imagination et à rendre réel ce que son cerveau savait imaginer. Il posa une main sur son épaule, un peu paternaliste. Visiblement fier.
Puis Lara s’était approchée. Elle était vêtue d’un chemisier et d’une jupe ample. Elle était belle. Lui qui l’avait toujours connu comme une battante, un peu garçon manqué, il la voyait là, féminine et épanouie.
Elle lui adressa un sourire. De remerciements, d’encouragements, d’adieu.
Elle prit la main de Peter et tout deux s’éloignèrent en direction du lycée sous un soleil printanier.
Au loin dans le hall il vit Peter et Lara se tenir par la main et lui faire signe. Il s’était toujours dit qu’ils auraient fait un super couple.

On lui tapa sur l’épaule. Il vit Tomylee. Ils se serrèrent la main. Un signe de réconciliation peut être, un signe d’amitié en tout cas.

Puis deux petites mains lui bouchèrent la vue.
Elisabeth.
Son Elisabeth. Il la regard, la découvrit et la redécouvrit. Ses cheveux roux flamboyant, son sourire enfantin, ses vêtements excentrique. Il la prit dans ses bras. Elle se hissa sur la pointe des pieds et l’embrassa. Un dernier baiser,  froid et léger comme une brise de printemps.

Puis tout se dissipa. Il fit à nouveau nuit. Le lycée ne fut plus qu’un simple bâtiment plongé dans les ténèbres.

Julien revint sur ses pas et s’éloigna. Le visage humide. Peut être de la pluie qui commençait à tomber."

1 commentaire:

  1. Merci d'avoir participé!
    C'est marrant, à la base j'étais aussi partie sur une histoire se passant au lycée... je suppose que cette période nous marque vraiment.

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